jeudi 31 mars 2011

(Jour 1) 9h00 : Accueil









(Jour 1) 9h50 : Allocutions introductives




Animé par Annie Lenoble-Bart, le discours inaugural des journées doctorales de la SFSIC débute par quelques mots du maire de Pessac, Jean-Jacques Benoit, qui se félicite d’accueillir sur sa commune les doctorants et enseignants chercheurs émérites ayant fait le déplacement.

S’en suit le discours de Patrick Baudry, vice-président du Conseil Scientifique de l’Université de Bordeaux 3, qui présente rapidement l’Ecole Doctorale Montaigne-Humanités et ses quelques 850 doctorants, ainsi que les objectifs de formation qui lui sont propres, notamment l’accord d’une place importante à l’interdisciplinarité.

Directeur de la Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine (centre névralgique de cette interdisciplinarité), Christophe Bouneau poursuit l’inauguration par quelques mots sur les projets de la MSHA tant sur le plan régional (en partenariat avec le Conseil Général d’Aquitaine) que national (par l’organisation de colloques de chercheurs).

Valérie Carayol, directrice du laboratoire MICA, rappelle ensuite la place non négligeable de l’université de Bordeaux dans l’histoire des Sciences de l’Information et de la Communication.

Alain Kiyindou, président de la SFSIC, clôt ce discours par des remerciements à tous les organisateurs de ces journées doctorales, après en avoir rapidement présenté le programme. Ses derniers mots seront pour les doctorants :

« La recherche en science de l’information et de la communication mérite de l’audace. Il faut croire au pouvoir de la science, au pouvoir du travail, ce sont des qualités toujours gagnantes. »

(Jour 1) 10h30 : Séance plénière



La séance plénière, animée par Patrice De La Broise et Virginie Julliard a pour objectif de présenter les nouvelles règles d’encadrement de la thèse, depuis les réformes des conditions doctorales du 7 août 2006, ainsi que les attendus et modalités d’un accompagnement contractualisé.

Il s’agit pour les doctorants de construire scientifiquement leur projet de recherche, en adoptant une méthode, en utilisant des savoirs théoriques et des observations de terrain et en dégageant une problématique à laquelle il tenteront de répondre. Ce travail fait l’objet d’un engagement contractuel du doctorant au près de son directeur de thèse.

Françoise Bernard, vice-présidente du Conseil National des Universités, prend la parole afin de détailler les modalités de la sélection annuelle de candidats. Cette année, le CNU a comptabilisé 287 inscrits, pour 220 dossiers examinés. 71 candidats ont été qualifiés, soit 32%, parmi lesquels une très forte proportion de chercheurs en SIC.

Valérie Carayol, Directrice du MICA, nous présente ensuite les enjeux soulevés par la Charte de Thèse qui existe depuis 1998. Si la charte initiale a pour but de garantir aux étudiants et aux directeurs de thèse un déroulement pérenne des années de doctorat et est approuvée par le Conseil d’Administration des universités, elle n’a néanmoins aucune valeur juridique et peut être modifiée, ce qui implique de grandes disparités entre les différents pôles de recherche.

La charte précise que la thèse doit être considérée comme un projet personnel et professionnel, ce qui permet d’inscrire et valoriser la démarche. Les encadrants sont dans l’obligation d’émettre des recommandations sur le sujet et la faisabilité de la thèse, en accord avec le doctorant, ainsi que de le suivre pendant toute la durée de ses recherches (établie à 3 ans). Un accent est également mis sur la protection des écrits, leur publication et leur valorisation, ainsi que sur les procédures de médiation en cas de conflit ou de difficultés.

Mais certaines associations de doctorants ont pointé des manquements dans les chartes réécrites par les universités, notamment en ce qui concerne la qualité de l’encadrement (nombre de doctorants par directeur de thèse) ou la garantie de durée d’un doctorat. Leur jugement est plutôt sévère : 44% des doctorants signent des chartes dégradées, voire très dégradées pour 19% d’entre eux.

Il a ensuite été prodigué quelques conseils méthodologiques aux doctorants (organisation du temps, relations avec les autres chercheurs…) afin de les aider à réaliser leur thèse dans les meilleures conditions. Une place a également été accordée aux différentes questions de l’auditoire. Il a été soulevé le problème du nombre de doctorants par enseignants chercheurs, très variable selon les universités, ainsi que la délicate question du plagiat doctorant/maître de thèse.

Françoise Bernard a clôt la séance avec quelques précisions sur les attentes du jury du CNU, sur ce qu’est une « bonne thèse » ainsi que sur l’aspect professionnalisant du doctorat, au-delà de l’unique métier d’enseignant chercheur.

(Jour 1) 11h30 : Première session d'ateliers


Pierre Minkala-Ntadi "La presse congolaise face à l'émergence des TIC"



Julie Brusq "L'etnométhodologie comme approche communicationnelle des démarches qualité"



François Bissège "Les jeunes, la prévention en santé et la co-construction des messages"

(Jour 1) 14h00 : Deuxième session d'ateliers


Anaïs Théviot « Usage du Web par les militants pendant la campagne présidentielle de 2012 »

Anaïs Théviot est en première année de doctorat en Sciences Politiques à l’université Bordeaux IV. Sa thèse portera sur l’usage du Web que font les militants des différents partis politiques, à l’approche des élections présidentielles. Après nous avoir présenté les constats qui l’ont poussée à entamer ses recherches ainsi que les travaux académiques préalables sur lesquels elle s’était appuyée (Greiffer, Blanchard…), Anaïs a annoncé ses différentes hypothèses préalables, à savoir : 
  • Les e-militants sont majoritairement des jeunes
  • Internet représente une famille, une communauté virtuelle forte
  • Les militants utilisent le net comme un espace de déterritorialisation
  • Le militant, à force de participer ou d’observer les débats sur le net, se forme à la délibération et à son cadrage
  • Les nouvelles modalités d’expression virtuelles favorisent la pensée critique et minoritaire
  • Le rattachement physique reste plus fort que les liens virtuels du net
Anaïs a adopté plusieurs outils méthodologiques
  • Deux questionnaires distincts : questionnaire papier et questionnaire en ligne
  • La réalisation d’entretiens avec les militants et les institutions partisanes
  • Une analyse de contenu des paroles de militants en ligne (forums, blogs)
  • Une observation participante double (expérience préalable de modération et stage au sein de la direction web du Parti Socialiste)
Son corpus s’étend des partis de gouvernement (UMP et PS) aux partis dits « challenger » (Front National et Europe Ecologie).
L’enquête de terrain doit être menée dans 3 villes et au près de 3 partis différents :
  • Paris pour le PS (capitale)
  • Bordeaux pour l’UMP (grande ville)
  • Une petite ville rurale pour le FN
Après cette présentation, plusieurs auditeurs ont souhaité faire part de leurs remarques ou questions. Plusieurs d’entre eux se sont accordés à dire que le projet semblait trop ambitieux pour que tous ses points puissent être réellement creusés, et il a été suggéré de réduire le champ d’analyse à des points plus spécifiques. Un parallèle a également été fait avec les retombées positives de l’utilisation du net par Barack Obama lors de sa campagne.

 
Laura Jankeviciute « Les représentations et les usages d’internet dans la culture numérique juvénile : approche interdisciplinaire »

Laura Jankeviciute est en deuxième année de doctorat à l’université de Bordeaux 3. Sa thèse portera sur la culture numérique des collégiens.

Les activités numériques prennent une place de plus en plus grande dans nos sociétés actuelles et ont créé de nouveaux modes de vie. Ici, Laura s’intéresse spécifiquement à une tranche d’âge 10-15 ans et à la place que prend internet dans leur quotidien. Il s’agit de contribuer à la compréhension des nouvelles pratiques sociales, culturelles et identitaires, ainsi que de comprendre pourquoi internet suscite un tel engouement chez les jeunes générations.

L’observation de terrain s’est déroulée sur une période de 5 mois au près de 72 collégiens issus de 2 établissements publics bordelais. Il a été demandé aux enfants de réaliser un collage ou un dessin de leur pratique d’internet. Ce travail a été complété par une série d’entretiens réflexifs individuels.

Ce travail présente un caractère interdisciplinaire évident, entre recherches sur la famille, la socialisation, l’adolescence, l’éducation aux médias… L’articulation de tous ces concepts constitue l’originalité des sciences de l’information et de la communication. Laura a l’ambition de montrer que les pratiques numériques des jeunes s’insèrent dans la société.

La présentation de ces recherches a été complétée par plusieurs remarques ou questionnements de l’auditoire. Il a notamment été conseillé d’approfondir les arguments de l’utilisation de la méthode visuelle, ainsi que de bien définir le terme de culture numérique par rapport aux pratiques numériques. Des questions ont également été posées concernant les résultats de l’observation de terrain, notamment par rapport à la différence fille/garçon. Cependant, même si les premiers résultats permettent d’anticiper l’existence d’une différence de pratique, l’analyse des résultats n’a pas encore été assez approfondie à l’heure actuelle.


Myriam Dougados "Jeu de cache-cache. Les phénomènes de l'enfance au Festival de Cannes"

Julia Guttierez "L'espace dans l'oeuvre de Rafael Azcona, scénariste"



Jessica Cendoya "La guerre civile espagnole exposée dans les musées d'art et d'histoire : vers une catharsis de la mémoire collective ?"

Anthony Michel "La presse comme indicateur de l'évolution socio-mémorielle de la Seconde Guerre mondiale à Metz et Luxembourg"

(Jour 1) 16h30 : Troisième session d'ateliers


Audrey Bonjour "Un objet scientifique transdisciplinaire et une demande sociale : handicap mental et TIC"

Caroline Buffoni "La réglure muséale : approche communicationnelle et socio-sémiotique d'un schéme organisateur de l'exposition en contexte muséal"



Jean-Christophe Plantin "Analyser les pratiques de cartographie numérique sur le web : une méthodologie à la croisée du sémiotique et du politique ?"

Olivier Nannipieri "L'expérience virtuelle : une contribution à la compréhension de la présence dans les environnements créés par un dispositif socio-technique"



Julie Pasquer-Jeanne « Médiation éducative et culturelle : appropriation, interprétation et représentation du monument chez les jeunes. »


Raphaël Roth « Le Portrait Chinois : un outil des Sciences de l’information et de la communication pour la réception de la musique ? »

Raphaël Roth est également doctorant au centre Norbert Elias de l'Université d'Avignon. L’objectif de sa thèse est l’analyse des usages de la Bande Originale de film, ainsi que des rapports entre musique et cinéma. Il s’agit de définir la notion de Bande Originale comme étant l’emblème musical du film.

L’observation de terrain sera réalisée au près d’acheteurs de Bandes Originales dans les rayons des grands disquaires, du public de festivals musicaux ainsi que de cinéphiles.

Une enquête qualitative a par ailleurs été réalisée au près d’étudiants selon 3 points : après écoute d’un extrait connu de Bande Original, il leur a été demandé de remplir un portrait chinois sur la musique écoutée, ainsi qu’un questionnaire sur leur perception du temps au cinéma et sur leurs pratiques culturelles.

La problématique de la thèse s’articule autour de l’univers de représentation du film dans la musique, la perception du temps à travers l’expérience spectatorielle, l’esthétisation du cinéma du quotidien par la musique et les pratiques culturelles.

Pour illustrer ses propos, Raphaël diffuse l’extrait de musique de son questionnaire : un morceau emblématique des dessins animés Disney, et expose les premiers résultats obtenus au près des enquêtés. La musique est très souvent associée aux notions d’imaginaire, de conte, d’enfance. La méthode du portrait chinois permet un jeu de métaphores, d’analogie et d’attribution, et interroge le principe de vision et de division. Il sert également à ne pas coder ou interpréter la musique en soi, mais les réponses des enquêtés, ainsi qu’à comprendre la logique d’attribution de ces derniers.

Raphaël explique que sa méthode s’inscrit dans l’héritage de la sociologie de la réception du cinéma et de l’école de Constance, en faisant entrer le lecteur dans le dyptique auteur/texte.

(Jour 2) 9h30 : Quatrième session d'ateliers


Atelier 10

Anne Cordier "Observer les pratiques non formelles dans un lieu d'influences formelles : quel positionnement du chercheur ?"

Boris Urbas "De la recherche du non-public d'un CCSTI à l'étude des appropriations informelles des sciences et techniques : quelle méthodologie ?"




Bruno Chaudet "Pratiques autour d'une plateforme collaborative : quelle est la bonne maille de description ?"

Céline Brun-Picard "Valeurs et valorisations de l'information : la réédition numérique de collections patrimoniales de presse locale"

Atelier 12

Karolina Swiderek "Communication médiatisée et formalisée pour la production et le partage de connaissances : le système officiel et non-officiel de retour d'expérience des contrôleurs aériens"

Marie Benejean "La communication pilotes-contrôleurs entre plans et récits : le cas des strips"

(Jour 2) 14h00 : Cinquième session d'ateliers


Reine Boufadel "TIC et apprentissage de l'interculturalité"

Samuel Szoniecky "Proposition d'une méthode graphique pour le filtrage des flux d'information"

Atelier 14

Aissata Moussa Yahaya "Communication et changement dans la lutte contre le VIH/Sida au Niger"

Jean-Philippe De Oliveira "La communication publique et la biopolitique : les stratégies de légitimation en faveur des homosecuels masculins dans les campagne grand public liées à la prévention du Sida"

Atelier 15

Romain Badouard "La cartographie du web, un outil méthodologique pour les SIC ? Le cas de l'analyse des parcours de navigation sur la blogosphère européenne"

Patrick Rifoe "Esquisse d'une comparaison internationale de la communication dans les politiques de rénovation urbaine : dispositifs info-communicationnels lillois et doualais"

(Jour 2) 16h30 : Séance plénière


Doctorants, les ficelles du métier

La séance débute par une introduction littéraire humoristique de David Douyère, animateur de la table ronde avec Aurélia Lamy. « A quoi vous servira ce doctorat ? A rien ? Alors pourquoi le passer ? » Le ton est donné : il s’agira pendant l’heure suivante d’expliquer les tenants et aboutissants de ces longues années de travail.

Il est tout d’abord expliqué que, bien que perçue comme l’ultime aboutissement de la thèse, la soutenance n’en est pourtant qu’une étape. Il faut donc pouvoir envisager l’avenir au-delà. Certains docteurs deviennent chargés d’études ou experts, il faut donc savoir parler de son parcours de doctorant comme d’un parcours professionnel, avec des capacités et une expérience.

Cependant, la soutenance reste actuellement la préoccupation centrale des doctorants présents, aussi les intervenants tentent d’apporter quelques conseils pour bien s’y préparer : assister à d’autres soutenances, participer aux séminaires organisés par les doctorants, étudier dans une certaine mesure les pré-rapports…

Françoise Bernard explique ensuite en détails les modalités d’inscription au CNU. Le comité évalue les dossiers en prêtant attention à l’enseignement exercé par le candidat. Une pratique de l’enseignement ou une association à des activités pédagogiques peut donc être bénéfique, car cela témoigne d’un véritable investissement.

Pendant son doctorat, l’étudiant est généralement amené à faire des vacation (chargé d’un cours entier ou chargé d’un TD en coopération avec un enseignant chercheur). Le contrat doctoral permet au doctorant d’assurer des fonctions d’enseignement ou d’expertise, afin de le préparer à un avenir professionnel au-delà de sa thèse.

Le rôle d’ATER (Assistant Temporaire d’Enseignement et de Recherche) représentant par ailleurs une charge de travail très lourde, il est préférable de le garder pour la période de fin de thèse.

En ce qui concerne la candidature au CNU, il est nécessaire de témoigner d’une expérience de production :

D’après les textes du ministère, le doctorant doit produire au moins 1 papier de qualité dans une revue qualifiante en premier auteur, plus diverses autres.
D’après les textes propres au CNU, le doctorant doit produire au moins 2 articles scientifiques de qualité ou équivalents.

Après avoir rappelé aux doctorants les différents éléments de composition d’un dossier de candidature au CNU, la parole est donnée à Bernard Miège, directeur de publication de la revue qualifiante « Les enjeux de l’information-communication ». Il énumère les erreurs les plus souvent commises par les doctorants lui envoyant leurs articles afin d’être publié : articles ayant déjà été refusés ailleurs et non retouchés, articles truffés de fautes d’orthographe ou de syntaxe, articles voulant rendre compte de l’intégralité de la thèse… Il précise également que beaucoup de doctorants envoient leurs articles très tardivement et voudraient être publiés immédiatement, sans tenir compte du temps que prend la réalisation de la revue. Enfin, il termine en expliquant qu’il est préférable de rendre un article en fin de thèse afin d’être le plus pertinent possible.